(Français) Le procès de l’Agile


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Début juillet, avec mon collègue Thierry Cavrel, nous avons organisé le procès de l’Agile.

Initialement, nous devions organiser un atelier pour identifier les difficultés que rencontrent les membres du Centre d’Excellence Agile au sein de Renault Digital et de Renault Group.

Rapidement, nous avons repensé au désabusement de certaines grandes voix de la communauté agile qui considèrent que l’Agile est mort.

Quoi l’agile est mort ?

Mais qui a tué l’agile ?

Tel fut le point de départ de notre atelier.

Après une plaidoirie (préparée) par l’avocat général (merci à Cedric MODOLO), plusieurs groupes ont dû préparer en quelques minutes la défense de certaines populations accusées régulièrement de mettre des bâtons dans les roues de la transformation agile. Pour chaque population, nous avions préparé quelques arguments afin de ne pas rester sec lors de leurs plaidoiries. Charge à eux de compléter avec les difficultés rencontrées sur le terrain. Ainsi, de façon caricaturale, le Management était accusé de vouloir garder le contrôle, les Développeurs de ne pas vouloir faire des tests, les Ressources Humaines de privilégier les récompenses individuelles aux objectifs collectifs et les Métiers/Clients de ne pas prioriser. Nous avons rajouté les agilistes eux-mêmes, qui, par leurs comportements extrêmes, peuvent braquer. Nous aurions aussi pu introduire la population des architectes qui ont du mal à ne pas tout planifier à l’avance.

Voici quelques-unes des pépites des plaidoiries :

  • L’avocat général : « Personne n’aura compris que l’agilité n’est pas un outil mais une philosophie de mouvement, d’adaptabilité et de confiance mutuelle »
  • L’avocat de la défense des Ressources Humaines : « nous avons déployé des valeurs qui s’inspirent fortement de l’agilité et nous avons reconnu les métiers de Coach Agile et Scrum Master.
  • L’avocat de la défense des Métiers/Clients : « On nous impose l’agile, mais des agences nous proposent 2 fois plus pour 2 fois moins cher », ou encore, « L’agile, avec le système de priorisation-repriorisation, on arrive avec 100 et, à la fin, ils ont priorisé, repriorisé, et on a un !  Où sont les 99 ? »
  • Les avocats de la défense des Développeurs : « Nos collègues indiens sont fliqués au nombre de story points par jour », « Excusez-moi, je regarde, je me retourne, mais je ne vois pas de Scrum Master qui nous accompagne. Où sont les Scrum Masters, symbole de l’agile pour pouvoir nous aider, nous, développeurs, qui ne demandons que ça ? », « Les agilistes sont très agiles pour sauter de réunion en réunion, se faire valoir sur leurs belles connaissances du SAFe et de leurs théories. Mais sur le terrain, il y a des gens qui font et les gens qui travaillent »
  • L’avocat de la défense des Managers : « le manager, c’est souvent le coupable idéal »
  • L’avocat de la défense des Agilistes : « le changement, c’est difficile et c’est normal que ça génère des tensions parmi toutes ces populations qui viennent se défendre ici devant notre cours », en renforçant par « Aujourd’hui, ces transformations dont vous parlez et que vous accusez sont d’une complexité rare dans des organisations hyper-complexes. Et c’est normal que ça génère des contradictions. Tout le monde, entre guillemets, n’arrive pas à suivre le changement à la même vitesse. »

Avec de tels arguments, le juge a dû faire respecter le silence dans la salle à plusieurs reprises.

À la fin de ce procès inique, voici le jugement que le juge avait rédigé à l’avance pour éviter le temps des délibérations.

  • Les métiers ou clients sont condamnés à s’impliquer dans la définition du quoi et à participer aux revues d’itération pour donner des éléments de priorisation et rechercher le feedback.
  • Les ressources humaines sont condamnées à privilégier la réussite collective et en particulier en introduisant des objectifs collectifs et non pas que des objectifs individuels.
  • Les managers doivent arrêter d’être des super techos et d’arrêter d’être dans l’opérationnel en permanence et donc s’impliquer dans faire grandir leurs collaborateurs. Ils sont donc condamnés à faire grandir leurs collaborateurs et, en particulier, en dédiant un jour par mois à innovation et à l’amélioration continue.
  • Les développeurs sont condamnés à s’impliquer dans l’écriture des User Stories. Ils ne sont pas là que pour développer. À introduire des pratiques d’excellence technique et à s’engager raisonnablement dans les itérations et leurs PI. À ne pas accepter et savoir dire non quand il y a trop de Story points.
  • Les architectes sont condamnés à fournir des roadmaps d’architecture permettant l’adaptation du changement parce qu’il y a toujours des aléas.
  • Les agilistes sont condamnés à intégrer dans leurs méthodes des techniques de gestion du changement et d’intégrer aussi les vocabulaires et les pratiques existantes pour rendre plus fluide le changement vers la transition agile.

En plus d’une bonne tranche de rigolade, l’atelier a poussé les intervenants (comme avocats de la défense) à prendre le contrepied de leurs discours classiques en trouvant des arguments pour justifier les comportements de leurs ‘clients’.

Les arguments se sont tellement enchaînés que c’était difficile d’en tenir compte. Une belle leçon d’écoute active pour des coachs !


About elan

Après plusieurs années en développement embarqué et expertise en Télévision Numérique, j'ai migré vers les méthodes et outils. Ce qui m'anime : rendre les projets efficace ! L'Agilité y répond parfaitement.

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